L’architecture, surtout à l’école, n’est pas une fin en soi. C’est un moyen. Un prisme de lecture du monde, un art et une science puissante, qui a la capacité de transformer nos existences et de façonner notre rapport au monde. Ces cinq années d’études ont consisté à projeter sur papier, en volume, et en image, des réalités rêvées qui ont pris naissance dans mon imaginaire, guidées par mes émotions.
Beaucoup de papier. Beaucoup beaucoup de papier. Et malheureusement peu de matière construite. De l’émotion par l’image. Une première forme de partage, bien qu’encore incomplète. Pourtant, c’est en ce sens que ces études sont extraordinaires : j’y ai appris à m’émerveiller et à avoir confiance en ma sensibilité; à avoir une foi irrationnelle et un amour aveugle dans le partage des émotions par le projet d’architecture. Il faut du courage et de la volonté pour dédier autant de temps et d’énergie pendant 5 ans à oeuvrer pour la simple satisfaction de projeter des projets dont on sait éperdument qu’ils ne verront jamais le jour. La conclusion irréfutable que cela induit est la suivante : ce n’est pas le résultat qui est le plus formateur quand on apprend, c’est le chemin que l’on emprunte. Ces cinq années ont été un chemin magnifique. Sur ce chemin on fait des rencontres, on se fait guider, on guide à son tour, on se trompe, on retourne sur nos pas. On choisit des passages difficiles, parfois risqués, mais ce n’est qu’à ce moment que l’on ressent cette excitation de vivre des expériences uniques. On marche seul, à deux - à trente parfois. Parfois les sentiers se séparent, et on choisit le sien. Parfois également, ils se retrouvent. Au final, on est content d’arriver. Mais les souvenirs, les joies et la fierté sont dans chaque pas que l’on a fait pour en arriver là.
Je remercie toutes les personnes que j’ai croisées sur ce morceau de chemin, certaines avec qui je continue d’avancer ; et je l’espère pour le plus longtemps possible. Je remercie les lieux d’étape qui ont construit la personne que je suis et la sensibilité qui m’anime : du plateau ensablé de Gizeh, aux lotissements de brique du nord de la France ou j’ai vécu, à la sublime ville de Lyon, en passant par la splendeur des jardins de Marqueyssac et sans oublier la pudeur et le charme saisissant de la ville de Gênes qui a inspiré ce projet de fin d’études.
Il faut profiter du chemin, pas simplement de l’arrivée. Et puis toujours se remettre en route, sur un nouveau sentier. En ce sens, j’imagine que l’on ne cesse jamais d’apprendre. Mon chemin se poursuit donc en école d’ingénierie à l’École Centrale, ou après avoir aiguisé ma sensibilité à la beauté plastique de la matière, je commence à comprendre sa réalité structurale. L’acte architectural doit être total et équilibré. Art et Science ne peuvent s’opposer. Ça ne peut être un choix discriminatoire. Ils se complètent. Ils donnent au Lieu, à la fois ses solides fondations et son atmosphère unique qui marquera ceux qui le vivront.
J’espère un jour être en mesure de façonner un Lieu, de pouvoir révéler par l’acte architectural toute sa beauté et sa sensibilité ; toute son identité et sa permanence. Passer du rêve projeté sur papier par l’image - au rêve construit et partagé, qui suivra lui aussi, son propre chemin. Mais en attendant, je continue de rêver et je continue d’apprendre.