Pierre Berger

Véritable cœur touristique du Parc Naturel Régional du Luberon, la vallée du Calavon se caractérise par ses villages perchés. Son architecture castrale domine le paysage et forme une image iconique qui a largement contribué au développement du tourisme de masse. Cependant, ce tourisme provoque la banalisation des lieux, déconstruisant l’authenticité qui a fait la réputation du territoire. Oppeda offrirait une autre temporalité au voyage, éloigné de la consommation et de la voiture, recentré sur l’intensité de l’expérience du lieu. Au sommet d’un éperon rocheux, les vestiges de la forteresse d’Oppède couronnent un village marqué par son abandon au 18e siècle, et dont les ruines ponctuent l’ascension à travers la végétation. Les différents éléments de programme permettent de mettre en valeur la ruine comme un ailleurs, hors du temps. Il s’agit alors de “faire patrimoine” : le changement de paradigme du mur, ne faisant plus obstacle mais cadrant le paysage, devient une ressource pour la conception, et la triple dépendance “forme, structure et matériau” constitue l’invariant du projet, instaurant durablement un dialogue entre la ruine et le paysage.