Sandra Fiori, maître de conférences, responsable de l’équipe de recherche EVS-LAURe-, UMR CNRS 5600 Environnement-Ville -Société.
Hervé Lequay, maître de conférences, responsable de l’équipe de recherche MAP-Aria, UMR CNRS MCC 3495 Modèles et simulations pour l’Architecture et le Patrimoine.
La recherche est une composante essentielle de l’établissement. Elle concourt à la pleine réalisation de sa mission de formation des architectes. Deux équipes de recherche rassemblent les enseignants et chercheurs de l’ENSAL et contribuent à la qualification des étudiants et à la réputation de l’école. Pour la deuxième année consécutive, un prix spécifique “Recherche” récompense une production étudiante remarquable.
Avec l’ouverture à la recherche et l’initiation aux méthodes scientifiques, les étudiants découvrent différentes manières de pratiquer la recherche architecturale, en fonction des questions posées, des contextes scientifiques, des champs disciplinaires convoqués : recherche “classique”, recherche-création, recherches exploratoires, recherche-action, expérimentation, etc.
Les axes thématiques structurant le parcours de master sont adossés aux problématiques des laboratoires, auxquels sont rattachés la plupart des enseignants et praticiens qui accompagnent les étudiants. Leurs questionnements sont aussi variés que leurs profils, et illustrent l’essence pluridisciplinaire du domaine de formation.
Le parcours d’initiation à la recherche des étudiants se développe sur un temps long, parallèlement et en lien étroit avec l’enseignement de la conception et les cours disciplinaires. En licence, les étudiants terminent leur cycle par un rapport d’étude destiné à les initier aux postures et pratiques de la recherche. En master 1, ils choisissent leur domaine d’étude, au sein duquel ils disposent d’un an et demi pour construire et développer leur mémoire, soutenu lors de mastériales, un dispositif innovant de débat et de partage. Certains étudiants s’orientent vers un parcours recherche plus approfondi, qui inclut un stage de deux mois en structure de recherche (laboratoire ou entreprise) et donne lieu à un mémoire plus poussé. Ce parcours d’architecte-chercheur est défendu lors de la soutenance du Projet de Fin d’Études (PFE), permettant d’obtenir la Mention Recherche. Il offre pour les étudiants qui s’y engagent l’occasion de développer leur PFE en lien avec leur mémoire, soit à des fins d’expérimentation, soit en tant qu’objet d’étude. Il constitue aussi une préparation à l’entrée dans un cycle doctoral.
Ce dispositif de formation mis en place en 2016 s’avère aujourd’hui approprié par les étudiants. La variété et la qualité de leurs travaux sont la preuve d’un intérêt croissant pour les questions scientifiques, en prise directe avec les enjeux que les jeunes professionnels affronteront. Chaque année, 5 à 15 étudiants de master s’engagent jusqu’à la Mention Recherche. Cet appétit pour la recherche se traduit également par une augmentation des stages en laboratoire. En 2018-2019, plus de 15 étudiants de l’ENSAL ont ainsi été accueillis à EVS-LAURe ou au MAP-Aria, et plusieurs ont effectué leur stage dans un autre organisme scientifique (Labex Intelligence des Mondes Urbains…). Si tous ne se destinent pas à une carrière dans la recherche, ils comprennent bien les enjeux d’une formation scientifique pour des pratiques professionnelles qui se diversifient, se complexifient, et nécessitent agilité intellectuelle, veille permanente, et adaptabilité.
Le prix “Recherche” a été cette année ouvert à l’ensemble de la production scientifique des étudiants en fin de master. Quatre mémoires ont été nominés pour cette seconde édition. Ils démontrent la capacité des étudiants à se saisir du cadre offert par le programme de formation de master pour inventer leur propre parcours.
Sydney Collin, dans le prolongement de son engagement dans les instances de l’ENSAL, a consacré son mémoire de master à la pédagogie de l’atelier de projet et aux sociabilités qui s’y jouent. Le sujet est original : si l’atelier de projet est historiquement connu pour être le lieu privilégié de la formation en école d’architecture, la place qu’y occupent les relations inter-individuelles (entre étudiants et entre étudiants et enseignants) fait paradoxalement l’objet de peu d’intérêt. L’analyse menée par Sydney, s’appuyant sur un cadre théorique, un état de l’art et des entretiens rigoureux, éclaire ainsi la manière dont les sociabilités, avec leurs rapports d’autorité, de séduction, de compétition ou de solidarité, travaillent les modes de transmission et d’apprentissage. Ce mémoire est aussi un bon témoin de l’évolution du rapport des étudiants à leurs enseignements et à leurs enseignants.
Le mémoire de François Cheradame, Corentin Jugeau et Sophie Meunier témoigne quant à lui de l’intérêt suscité par les démarches participatives parmi les jeunes diplômés. Ce mémoire est l’aboutissement de leur double cursus d’architecte-urbaniste au sein du parcours Ville et Environnements Urbains co-porté par l’ENSAL Directement lié à leurs Projets de Fin d’Études, il est construit autour d’un retour d’expérience : la résidence architecturale qu’ils ont réalisée avec habitants et élus sur une commune de Belle-Île-en-Mer. Matière à une réflexion engagée à la fois introspective et instruite, ce travail interroge les conditions d’exercice d’un urbanisme « par le bas » ; en s’appropriant les notions d’immersion et de ménagement, il porte son attention sur les territoires situés en marge des métropoles et sur les manières d’y tisser, modestement, projet spatial et projet politique.