I. Cinq ans de jets, d’essais, d’allers-retours, de doutes et parfois de réussites. L’incertitude du résultat, mais la promesse de l’aventure. L’école est un chemin formidable dont nous nous appliquons à devenir le guide.
C’est dans cette perspective que je franchis en 2014 les portes de l’ENSAL. Dès mes premiers pas, l’infini des possibles s’ouvre à moi. 1800 jours pour me connaître, et autant de lendemains pour réécrire le script. Alors je vis chaque jour comme une bataille. Entre joies et peurs, je me démène, parfois au-delà de moi-même. Si la route est périlleuse j’en sors toujours récompensée. L’architecture ne donne pas les clefs, mais les armes ; grâce à elle j’apprends la justesse et l’équilibre, l’émotion et la logique, l’intuition et la raison.
Les années défilent. Je ne sais encore rien, mais déjà se dissipe l’obscurité des premiers jours. Alors la direction se précise ; et patiemment, de la persévérance naissent les aptitudes. Je prends conscience de mes capacités, foi en mon jugement. L’exercice est formateur, les années ont éduqué mon regard, aiguisé ma sensibilité et forgé mes convictions.
De l’école, je me rappellerai la hauteur des joies et des peines. La difficulté, la fatigue et le manque de sommeil ne rendant que plus vraies les émotions, les fiertés et les joies. Mais aussi au hasard des chemins, de rencontres précieuses. Alliés d’un temps ou d’une vie. Vous qui m’avez fait vivre chaque instant. Vous qui faites partie de ma vie et avez rendu ces années uniques. Je pense à vous.
2019. La fiction, puis la réalité. Ma patience couronnée. Beaucoup de questions et une certitude : ici n’est que le commencement de quelque chose de plus grand.
II. 5/77, Olympe et le féminisme
Longtemps j’ai douté de ma légitimité à parler de féminisme. Comment produire une réponse architecturale capable de supporter une ambition si large ?
S’il est vrai que j’ai constamment cherché à écarter tout sujet intime de ma production, la question du féminisme s’est imposée à moi spontanément. Au-delà de la conviction humaniste, je crois qu’elle s’est manifestée comme un écho à mes combats personnels. Un besoin profond qui a trouvé dans cet exercice la place et le temps à son expression.
Dans l’idée de m’extraire des schémas conventionnels de recherche, je n’ai eu de choix que d’avancer à l’aveugle, au fur et à mesure des tentatives. Une entreprise empirique, dans laquelle la recherche spatiale s’est assimilée à une recherche de sens. L’architecture devenant un acte politique. Celui de l’occupation, de l’existence et de la pérennité d’une idée jusque-là réduite aux mots.
NB J’ai une pensée particulière pour ceux qui m’ont épaulé tout au long du chemin. Un grand merci à messieurs Gilles Desèvedavy et William Vassal pour leur aide et leur confiance ; ainsi qu’à mes ami/e/s Romane Cazenave, Omar Naïm et Victor Lacôte pour leur soutien inconditionnel.