Vincent Orthlieb

Le territoire qui s’étend de Martigues à Fos, entre étang de Berre et Méditerranée n’est pas le lieu de la douce urbanité, de celle que l’on aime à voir, historique et lumineuse. La ville, ici, se fraie un chemin délicat entre une industrie chronophage d’espace, entre le viaire et l’infrastructure au service de cette industrie. Ici, dans cette terre d’absolus contrastes, les “recettes” de l’urbanisme tranquille n’ont plus court. Ici, il faut jouer la carte de l’Entre-ville, ce qui oblige à poser un regard bienveillant sur ces bouts de lieux qui n’ont ni de centre, ni début, ni fin. Le vieux canal allant du Rhône à Marseille est un de ces lieux. Il était là avant la ville et semble frappé d’obsolescence. Pourtant, il ne demande qu’à devenir cette couture habitée entre les hauts quartiers de Port-de-Bouc et la rive. Le projet se veut une expérience des infrastructures oubliées, anachroniques. En même temps, il interroge la notion d’altérité en brouillant les frontières établies entre “l’en-soi”, l’intime, la voie publique et l’autre.