Je suis arrivé à l’ENSAL et dans les études d’architecture tout à fait par hasard. Ma professeur de mathématiques en Terminale ES m’avait incité à passer un concours, sans préciser lequel. Moi je voulais aller à la faculté et devenir professeur des écoles. Mon seul objectif à 17 ans était de partir vivre à Lyon, quitter Grenoble. Je crois même que j’avais oublié ma trousse et ma calculette le jour de l’épreuve et pourtant, coup de chance, j’ai été reçu ! Je n’ai jamais osé demander ma copie de peur qu’il y ait eu erreur sur la personne.
Au fil des années, j’ai découvert l’architecture et finalement créé un désir et une passion que je n’aurais jamais soupçonné. Mon souvenir le plus marquant a été en deuxième année lorsque j’ai du repasser “l’atelier d’artiste” que j’avais particulièrement raté l’année précédente. Je n’avais rien travaillé du tout car je concentrais mes efforts sur le projet de L2. Un jour où j’avais rendez-vous avec mon professeur pour présenter l’avancée de mon travail, ce dernier avait convoqué tous les profs de première année. J’ai présenté mes calques complètement vides et une maquette d’étude médiocre. Après m’être pris bon nombre de remarques méritées, ce même professeur m’avait dit: “Il faudrait que vous vous posiez la question si vous avez bien votre place dans cette école”. Tellement vexé, je me suis juré de le faire mentir. Lorsque j’ai reçu les compliments de mon jury de PFE, j’ai repensé à cette phrase, en souriant.
Mon projet d’étude m’a permis de m’exprimer. Dans les études d’architecture comme dans la profession, je trouve qu’on n’a souvent pas beaucoup de place pour exprimer sa vision. Encadré par un programme, un site et un budget, c’est assez rare d’avoir une totale liberté de sujet et de démarche. Même si nous devions travailler sur la ville de Givors, j’ai pu choisir mon site et mon sujet et ainsi développer un projet qui était l’expression de ma vision de citoyen et de futur architecte.
Je travaille aujourd’hui dans une petite agence en Haute-Savoie et j’ai commencé mon habilitation à la maîtrise d’oeuvre en son nom propre à l’ENSAL. Le passage du master à l’agence a été un gros changement. La réalité du métier d’architecte laisse peu de place à l’expérimentation et le manque de temps limite la richesse de la conception. Pour autant, j’apprends énormément chaque jour sous l’oeil bienveillant de mon patron qui me transmet son expérience sans réserve. J’ai beaucoup de projets et d’envies qui me motivent à faire les choses vites mais j’essaie de les faire dans l’ordre ! Ça commence par ce poste dans cette petite agence, puis l’habilitation. Après on verra bien, ça peut être un collectif avec les potes, faire des concours d’urbanisme ou aller travailler à l’étranger…
Je souhaiterais remercier ce professeur qui a su me motiver en deuxième année ! Mais surtout mes professeurs de master 2, Joan Casanelles et Julie Cattant particulièrement, qui m’ont guidé pendant cette année assez éprouvante sur le plan personnel et qui s’est pourtant étrangement bien passée, en grande partie grâce à eux.