Mon entrée dans le monde des arts s'est faite par la peinture. Fort de cette sensibilité, je voulais faire de ma vie une carrière de peintre. Mais mon cursus en a décidé autrement. Passant mon baccalauréat à l'école Boulle, j'ai développé mon goût pour les arts appliqués et plus particulièrement pour le design d'objet. Les questions d'usages et d'organisation des cadres de vie devenaient primordiales.
“Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme.” Cette citation d'Antoine Lavoisier changea brutalement mon rapport au monde. Le monde qui nous entoure se trouve dans cette dynamique qui développe un rapport intime à la matière, à la matérialité. La matière se mue, change d'état selon son contexte. Elle part d'un état initial qui se développe à l'infini pour fabriquer des cadres de vie. C'est dans cet état d'esprit que j'ai appréhendé mon travail en design d'objet. Une sensibilité croissante à l'écologie m'amena à spécialiser ma pratique en écoconception. Les notions de limite, de ressource, de mémoire et de patrimoine ont fait naître chez moi des questionnements de fond. J'ai pris conscience à cette période que mon échelle d'action était trop restreinte pour pouvoir répondre à ces enjeux. Et c'est donc par ce point de réflexion que l'architecture et l'urbain sont entrés en jeu. Je me retrouvais donc à travailler pour le compte d'une agence d'architecture avec une connaissance très mince du monde du bâtiment. Cette expérience m'a permis d'assimiler une méthodologie de développement de projet et d'appréhender la réalité du métier sur le terrain. J'ai pris conscience de l'impact de l'architecture sur notre paysage, sur notre environnement. Mais j'ai senti rapidement un manque conceptuel et culturel de cette pratique pour être en mesure de la maîtriser totalement. C'est ainsi que l'aventure de la formation professionnelle continue commença. Ces quatre années furent une période de bouleversement et de renaissance. Un ingrédient essentiel à la pratique se développa et s'affirma : la posture de l'architecte.
“La crise consiste justement dans le fait que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître.” C'est par le biais de cette maxime d'Antonio Gramsci que (Ré)-génération urbaine a pris son essence. Le projet est une expérimentation de densification douce dans le but de renverser le phénomène de gentrification et de vieillissement de la population actuelle. Il vient explorer le potentiel urbain que peut générer un tissu urbain historique et vient démontrer sa capacité à reconstruire la ville sur elle-même en améliorant sa qualité de vie. La ville est matière, elle entre dans une dynamique oscillante entre les principes de Lavoisier et Gramsci. Cette expérimentation est à la fois un aboutissement et un commencement ; la finalisation de mon projet de fin d'études est le point de départ d'une réflexion qui va s'élargir tout au long de ma pratique d'architecte du territoire. Être architecte du territoire, c'est appréhender plus facilement les différentes échelles qui le composent ; appréhender ses ressources, c'est donner du sens au projet à travers la matière. Et cette matière, c'est le patrimoine.