Bénédicte Léti

LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURES LATÉRALES THÉORISÉES

Valentin Ranc - LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURES LATÉRALES THÉORISÉES

Mes motivations pour l'architecture

Mon parcours est plutôt atypique et ne me destinait pas nécessairement à faire de l'architecture. J'ai fait une classe préparatoire en biologie, chimie, physique et science de la terre (BCPST), par laquelle j'ai intégré l'ENTPE. Une fois mon diplôme obtenu, je me suis inscrite en école d'architecture par validation des acquis d'expérience, directement en 2e année de licence. Les études d'ingénieures m'ont amenée à celles d'architecture, parce qu'elles m'ont permis de réaliser que l'aspect purement technique d'un projet ne m'intéressait pas autant que la conception et l'aspect politique tenus par l'architecture. L'architecture s'est donc présentée à moi relativement tard dans mon parcours étudiant. Mais elle est rapidement devenue une évidence.

Les moments forts

Le confinement étudiant et les cours en visio, ont été un moment fort de mes études à l'école, très certainement. Beaucoup de choses ont été remises en question, dans les façons d'enseigner et dans les exercices qui nous ont été demandés. Il y a eu de l'improvisation, mais je trouve qu'on s'en est bien sorti. Les temps de rendus, notamment de projet, pendant lesquels on sent la pression retomber petit à petit, après chaque passage. Nous travaillons tous beaucoup, pour donner le meilleur de nous-mêmes, et pousser nos projets le plus loin possible. Les rendus sont un moment de concrétisation de tout ce travail, pendant lequel toutes les émotions sont vécues avec une rare intensité. Les moments de convivialités étudiantes, en atelier, au café des arts, aux événements organisés par les associations, le gala, les soirées, sont aussi des moments très forts. Ce sont des temps d'échanges et de partages entre étudiants, et parfois enseignants, informels, précieux et riches.

Mon projet de fin d'études et mon mémoire

Mon projet de fin d'études et mon mémoire m'ont permis d'affirmer une posture au monde et une position politique forte. Ce travail, déjà amorcé en première année de master, a relié un militantisme personnel avec la pratique de l'architecture. Pour remettre un peu de politique dans ma pratique architecturale. En France, l'histoire coloniale est encore un sujet compliqué à aborder, presque tabou. Mais elle fait partie de mon histoire familiale et ça ne me fait pas peur de mettre les pieds dans le plat et de déranger quelques personnes. De tous les cours d'histoire de l'architecture, aucun n'aborde de front la question de l'architecture coloniale et comment elle a influencé notre architecture actuelle. On se pose assez peu la question de la pertinence des formes architecturales proposées par des architectes blanc·hes, nés et ayant vécu en Hexagone la majorité de leur vie, pour les départements et territoires d'outre-mer. Comme je me pose ces questions, le mémoire et le projet se sont révélés comme l'exercice parfait pour trouver des réponses.

Et après ?

Peu importe ce que je ferai plus tard, ma pratique sera politique et c'est quelque chose dont je dois avoir conscience en permanence. Pour citer le Manifeste pour une architecture anti-raciste du WAI Architecture Think Tank « Les architectes devraient être conscient·es du programme des bâtiments qu'iels conçoivent et en être responsables. » Ce n'est pas une posture facile à tenir et à défendre, mais elle est nécessaire, parce que l'architecture a un impact fort sur la société et la vie de chacun et chacune. Les personnes noires et racisées, queers, trans, handicapées, précaires, ou tout cela à la fois, seront toujours les premières à payer les conséquences d'architectures oppressives et coloniales. Ma pratique sera pensée pour ces personnes et pas l'inverse.

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