Anaïs Martin

Les réflexions autour de ce mémoire sont tirées d’une étude collaborative du fonctionnement de crèches qui emploient des matériaux biosourcés et géosourcés apparents. Les établissements d’accueil du jeune enfant révèlent une injonction paradoxale d’un environnement le plus sécurisé et aseptisé possible et la volonté d’éveiller les plus jeunes, sur le plan cognitif et sensoriel, à la conscience de l’environnement. De par sa matérialité et ses qualités haptiques, la terre crue répond aux enjeux, mais la légitimation de ce matériau brut et friable reste difficile. Trois interactions sont identifiées : le toucher, l’accroche et l’entretien. La terre crue, confrontée à ces usages, révèle une ambiguïté hygiéniste d’un matériau naturel, mais friable ; aux enjeux pédagogiques à valoriser. Son utilisation au sein des crèches est sous condition de l’acceptation de l’usure du matériau, qui fait partie intégrante de son cycle de vie. À l’heure où les bâtiments sont devenus des produits, il semble nécessaire de remettre la main et de redevenir acteur et habitant de l’espace bâti.