Hugo Chiappori

Manon Gerlier

LAURÉATS DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURE, MÉTROPOLES, TERRITOIRES HABITÉS

Hugo Chiappori/Manon Gerlier - LAURÉATS DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURE, MÉTROPOLES, TERRITOIRES HABITÉS

Nos motivations pour l’architecture

Durant notre parcours étudiant, un de nos points communs a été un attrait pour les enjeux de l’échelle urbaine. Cette échelle nous permettait de questionner ce qui fait l’intensité et la cohésion d’une ville, ce qui parvient à rassembler et unir le vivant. En sommes, elle nous permettait d’agir sur le support de la vie publique. Cette volonté de valoriser les communs et l’espace public nous accompagne depuis. Nous considérons que notre rôle consiste à proposer une mise en récit, un décor, une certaine harmonie au service du mode de vie et du quotidien des habitants. Ce décor a, pour nous, vocation à encourager le sentiment de légitimité des usagers, afin qu’ils puissent prendre part au processus narratif de leur ville.

Notre projet de fin d’études

Notre démarche a été marquée par une volonté singulière d’appréhender le territoire en allant de la petite vers la grande échelle par des allers-retours successifs et itératifs. Nous voulions, pour ce projet, nous essayer à l’arpentage, à l’observation des “traces de l’habiter” et des habitants, à une lecture fine du territoire portée par des noms inspirants tels que Gehl, Kroll ou Bouchain. C’est cette approche qui nous a menés à étudier ‘les conflits des dalles urbaines’ et à faire évoluer nos analyses de terrain vers un support de recherche dialoguant avec notre projet. Ces dernières références ont aussi influencé notre travail vers un sentiment d’humilité vis-à-vis des usagers du lieu et de leur connaissance sensible du territoire. Il nous tenait ainsi à cœur d’intégrer le point de vue des habitants à nos études afin de permettre un échange fertile et stimulant.

Les dalles du Tonkin

L’urbanisme de dalles, cet espace public “plein” aux multiples complexités, enfant d’une utopie avortée d’un espace public continu sans voiture, s’est avéré être un formidable terrain de jeu faisant écho à nos préoccupations. La plus importante d’entre elles, consistait à revaloriser les avantages de ces grands espaces urbains, en montrant qu’il était possible d’en dénouer les complexités. Il s’agissait ainsi de clarifier la frontière entre le public et le privé, de lui offrir des seuils et de redonner une lisibilité à l’ensemble de ces espaces sur dalle. Mais également de montrer que leur réhabilitation structurelle était possible, et qu’une juste mesure dans les destructions permettait d’offrir l’apport nécessaire en lumière, en air et en hauteur sous plafond pour réhabiliter et reprogrammer ces espaces. C’est ce que nous avons appelé le Remodelage des dalles. Il s’agissait enfin pour nous de développer notre propre posture sur de nombreuses thématiques : tout d’abord, en nous opposant à reproduire le phénomène de table rase tel qui avait eu lieu il y a 50 ans à peine, sur le même site. Cet interdit social et structurel nous a amenés à démontrer la crédibilité de la réhabilitation, du réemploi et du recyclage de ce grand gisement de béton ; ensuite, en portant un regard critique sur la résidentialisation comme seule réponse au manque d’intimité, afin de défendre l’utopie sociale initialement portée par la dalle ; enfin, en ouvrant la discussion sur la question de la reconnexion au sol, à la terre et à la végétalisation, sujet complexe pour un socle bétonné continu. Il faut finalement retenir des dalles qu’elles sont un espace riche de multiples possibles pour valoriser les communs et les interactions sociales pour peu que leur intégration au tissu urbain soit achevée. Ce principe, porteur de notre recherche, semble pouvoir se généraliser à tous types de dalles urbaines de l’époque moderne.

Nous tenons particulièrement à remercier Julie Cattant et Rovy Pessoa Ferreira pour leur écoute, leur accompagnement et leur soutien perma- nent, et pour avoir cru en nous dès l’initiation de ce travail de recherche et de projet. Nous remercions également Alain Paris pour ses conseils avisés et la confiance qu’il nous a accordée jusqu’au PFE, ainsi que l’ensemble des habitants, des archivistes du Rize, des commerçants et des acteurs politiques rencontrés et engagés dans cette belle aventure humaine et studieuse qu’a été ce projet de fin d’études au Tonkin.

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