Raphaël Bonelli

Dans l’anse du port, la ville s’offre une pause. Elle se retourne sur elle-même et se regarde. Elle ferme l’horizon, qui passe d’une ligne parfaite à un trait irrégulier dessiné par les constructions. Le site de la Gafette, à l’extrémité nord du chenal de Caronte fait partie de ce paysage. Ce vaste vide urbain marque la limite Est de Port-de-Bouc où l’on découvre les vestiges du passé industriel de la ville, mais également les acteurs de la pêche. Isolé du reste de la ville par un canal et des voies ferrées, ce territoire cherche sa place dans la ville. Le télescopage d’images de l’industrie, d’une histoire, de la mer et de la nature place le lieu à mi-chemin entre réel et imaginaire. L’authentique et le remanié, le naturel et l’artificiel fabriquent ce paysage au caractère schizophrène. Après la fermeture de la zone industrielle dédiée aux usines chimiques, ce territoire a radicalement changé de statut, d’une aire produisant de la valeur à friche urbaine en recherche de qualification. À l’horizon de la ville vise à redonner une identité propre en devenant un point d’ancrage dans la reconquête de cet espace. Reconnecter la friche, la ville et l’eau semble également un enjeu important pour le désenclaver. Enfin, un bâtiment fédérateur pourra compenser l’émiettement urbain à proximité du site. Il permettra de rétablir un dialogue entre le paysage et l’horizon qui s’effacent derrière les infrastructures industrielles.