Maria Agrici

Au carrefour de l’Europe et de l’Asie, l’Arménie est confinée dans un contexte géographique et politique qui l’enclave. Dans sa capitale, Erevan, se côtoient un milieu urbain densément bâti et une nature sauvage qui s’élève depuis la rivière Hrazdan sous la forme d’un canyon, telle une ville secrète. Historiquement, la ville s’est formée sur la rive est, tandis que la rive opposée concentre des équipements hors d’échelle, mais d’importance nationale. Aujourd’hui, la rivière fait obstacle, ses habitants lui tournant le dos et ne profitant pas de l’atout que représente cette nature en ville. Trois risques apparaissent : la multiplication de monumentales opérations ponctuelles qui entravent les parcours piétons, la privatisation excessive de la rivière, et son dialogue difficile avec les quartiers autour. Entre centre-ville, chemin de fer longeant les rives, canyon abrupt et colline sacrée du mémorial du génocide, en contrebas d’un décor national surplombé par le mont Ararat, se creuse un univers paysager unique, ancré au cœur de l’urbanité. Cette ligne directrice, à l’épaisseur inconstante, traverse la ville en soulevant les enjeux de la place d’une nature sacrée en milieu urbain. La valorisation de ce potentiel naturel récréatif passe par deux axes qui assurent une transition plus douce de l’actif vers le contemplatif.