Aline Bergeron

Si la métropole budapestoise ne cesse d’évoluer et d’attirer les convoitises, c’est parce que depuis la transition politique du pays, la capitale hongroise fait peau neuve et tend désormais à se reconstruire sur elle-même. Multipliant alors les projets de restauration et de réhabilitation des symboles historiques, ainsi que les grandes opérations de renouvellement urbain, elle s’est forgée une image de capitale culturelle dynamique. Pourtant, elle semble désormais se normaliser par la mise en place de différents lieux de la mondialisation, jusqu’à en perdre de son identité en négligeant des potentialités cachées. En effet, l’insuffisance des mesures urbaines prises pendant l’époque communiste a légué une situation plus chaotique à partir de laquelle s’accentuent encore aujourd’hui les différences entre quartiers urbains. À Jozsefvaros, on peut constater les différentes fractures de la société, ses inégalités spatiales, économiques, ses discriminations identitaires et ses disparités dans la participation politique. Ancien quartier d’artisans et de petites industries, il conserve encore les traces d’un passé tumultueux où les ravages de la guerre ont détruit 90 % du secteur. Entre le danger actuel de la “ghettoisation” et le risque d’aboutir à une gentrification extrême, les enjeux de réintégration de ce faubourg dans le système territorial sont déterminants.