DIANE DAUNASLAURÉATE DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURE, HÉRITAGE ET DURABILITÉ
Qui n’a jamais vécu une expérience architecturale unique ? Vous savez, ce moment magique où l’on se sent submergé par l’espace qui nous entoure, lorsque notre corps déambule à travers des atmosphères qui le font frissonner, ou encore, quand nous sommes capables de ressentir des émotions face à un lieu. C’est ça, pour moi, le réel pouvoir de l’architecture : influencer nos perceptions et nos ressentis. C’est au pied du trésor de Petra que j’ai ressenti pour la première fois cette sensation. Pour atteindre le temple jordanien, il faut d’abord emprunter un parcours sinueux au sein du Siq baigné de lumière. Lorsque les paysages aux couleurs d’ocre révèlent enfin les ombres du bas-relief, l’expérience est submergeante. C’est pour recréer et revivre ces impressions qu’il y a huit ans, j’intégrais le monde de l’architecture via les arts appliqués et le design d’espace. Cet apprentissage m’amène à me focaliser sur l’échelle humaine et sa relation à l’espace. En portant une attention particulière au corps et à sa déambulation, on conçoit des espaces cohérents. La découverte d’un espace découle ainsi de la mise en perspective des volumes intérieurs, des variations de lumières, mais aussi du cadrage et de la relation avec l’extérieur. Ici interviennent contexte et environnement. Très présentes lors de mon cursus à l’ENSAL, ces notions permettent de penser chaque projet dans sa dimension écologique en respectant son site d’implantation. Prétendre que chaque site possède une valeur symbolique, requiert un travail minutieux de recherches sur l’histoire du lieu. Pour le projet de fin d’étude, j’ai aimé me documenter sur l’archéologie et observer les indices structurels dissimulés dans les ruines du Château des Évêques de Cavaillon. L’attention portée aux détails est une base solide pour l’élaboration d’un concept architectural sémantique. Mes ambitions sont de créer une architecture du bon sens, utilisant des techniques de mise en œuvre traditionnelle avec l’emploi de matériaux locaux. Ce dernier projet d’étude m’encourage fortement à repenser le rôle de l’architecte dans un projet de reconversion : doit-il nécessairement reconstruire à l’identique ? Comment marquer son temps tout en respectant et laissant parler le caractère d’un site ? Ces questions sont les reflets de ma posture architecturale qui ne demande qu’à être enrichie par des expériences professionnelles questionnant les valeurs patrimoniales présentes dans chaque projet. Exploratrice curieuse, j’aime parcourir le monde pour m’inspirer des techniques vernaculaires et découvrir la mise en œuvre de matériaux biosourcés comme éléments clés dans la construction écologique. Cette base de recherches me pousse à réfléchir aux solutions que l’architecte d’aujourd’hui peut promouvoir afin de redonner le pouvoir à chacun de construire de manière sensée et responsable. Lors de ces expériences, j’ai aussi pu prendre du recul sur l’architecture touristique et mesurer l’impact des nouvelles constructions sur le patrimoine local et naturel. Aujourd’hui, mes engagements convergent vers des thématiques liées à des projets de reconversions dans un contexte où le tourisme de masse détruit de jour en jour ce patrimoine. |