Philippe Dardelet-Doya

LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURE ET MATÉRIALITÉ

PHILIPPE DARDELET-DOYA  LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉgORIE ARCHITECTURE ET MATÉRIALITÉ

PARCOURS \ Je transporte depuis longtemps une bibliothèque de l'inutile. Inutile aux choses rationnelles. Enfant, j'y puisais et y répertoriais le matériel de fabrication des repères secrets, des cabanes au creux de la forêt et des jouets réinventés. De ces petites aventures, je me souviens de tout ce qui n'est pas important. Je veux vous raconter ces cheminements, ces expériences, ces interrogations, constitutifs d'une pratique. Ou comment la multiplicité des détails vécus et ressentis peut être fondatrice d'une démarche. Mes mains ont révélé l'inutile en indispensable, le lien entre la chose pensée et la chose créée. Depuis, pour rendre matériel, tous les moyens sont bons, tout est support. La peinture fut le point de départ du voyage, la matrice d'une mécanique à haut pouvoir poétique, mobilisée d'abord au service du paysage. Son apprentissage puis sa pratique ont éprouvé le renversement de hiérarchie entre le contexte et le programme, appliqué ensuite en urbanisme lors d'un cheminement professionnel de 20 ans.

Aujourd'hui, j'ai trouvé en l'architecture un média évident, une synthèse des arts, riche de pensées qui me permet de revendiquer la nécessité de prendre position en connaissance de cause. Cet éveil a pris sa source en une confrontation avec un lieu inspirant qui est à la fois commun et unique, secret mais visible, mystérieux et anodin. Un lieu abandonné, une friche, une machine parfaite de fonctionnalisme offrant au regard un moderne déjà patiné. Un présent à peine passé et déjà patrimoine. Une mutation culturelle et sociale en marche à laquelle j'ai contribué. Ce fut le point de départ d'un périple créatif dont l'évolution passe par des révolutions. Elles ont été menées ailleurs en un lieu incubateur, un espace de liberté où le poids des empêchements est maintenu à l'extérieur.

PÉRIPLE \ L'ENSAL est ce lieu. J'y ai écrit une série de manifestes constituant le projet de fin d'études du cursus universitaire en formation professionnelle continue. Ce projet a permis l'obtention du diplôme d'architecte diplômé d'État avec une mention recherche. J'y raconte un périple en un lieu/laboratoire, une fabrique d'unité fondamentale de projet. Un percept.

Ces manifestes écrivent l'acte fondateur du lieu, proclament la reconnaissance comme territoire et comme méthode d'exploration du contexte générateur d'unité de perception. Une reconnaissance de sa propre pratique et du chemin parcouru pour appréhender celui qui reste à parcourir.

CHEMIN \ C'est celui de l'architecte conscient de ce qui peut faire système en sa propre pratique, des mécanismes à convoquer et des conditions à créer afin de libérer une neutralité objective du regard et permettre le relâchement des aprioris nécessaires à l'appréhension du lieu. Savoir le regarder, c'est avoir confiance en sa création ; la confiance naissant de l'arpentage.

Je veux être cet architecte qui, équipé du nécessaire à contexte et guidé par une systématisation du sensible, fait de l'architecture son parcours et du parcours son architecture. Un architecte autorisé par son périple.

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