La formation professionnelle continue développe depuis la rentrée 2004-2005, un domaine d’étude qui lui est propre sur la question de la matérialité ; ce domaine central dans le questionnement architectural, est porté par le séminaire du même nom, et conduit via l’atelier de conception à la soutenance des projets de fin d'études.

Le séminaire Matérialité et architecture autorise et suscite des investigations, elles-mêmes au croisement de l’art dans ses expressions contemporaines, y compris celles de l’architecture de l’éphémère, des sciences de la fabrication des édifices et des lieux, des sciences humaines et des usages des lieux. Les objectifs de ce séminaire sont :
_ ouvrir sur des questions contemporaines et prospectives pour appréhender de nouvelles attitudes dans les problématiques, puis dans la conception ;
_ faire émerger le présent en passant par des pistes complexes dans les relations entre l'architecture ancrée dans la réalité et les attitudes de la production artistique du minimalisme au Land Art et à la dématérialisation ;
_ organiser une autre perception de l'édifice dans une interaction créative entre projet, concept et matériaux ;
_ nourrir une réflexion théorique vers une pratique consistant à vivre l'architecture comme un art du matériau en référence à la “vérité du matériau”, vers la matérialité, autre rigueur fonctionnelle sensible et contextuelle dans l'élaboration du parti architectural et de son enveloppe ;
_ inscrire une attitude responsable en matière de gestion de l'environnement, susciter une éthique dans l'élaboration du projet urbain et celle de l'édifice ;
_ interroger l'ancienne façade monolithique, désormais dépouillée de sa matière, et devenue “couches multiples” pour ouvrir des recherches en matière \\de techniques et d'innovations (en association avec les Grands Ateliers de l’Isle-d’Abeau).

L’atelier de conception architecturale, analyse et développe les thèmes dérivés de la thématique principale (en les expérimentant par le projet de conception). La question de la matérialité en architecture, et non pas seulement celle du “matériau”, est d’évidence un axe central de conception, porteur de recherche et d’innovation. C’est surtout un thème inscrit dans l’histoire culturelle et technique des sociétés humaines ; il suffit pour s’en convaincre de mesurer ce qu’a apporté à l’expression architecturale, le plan libre, ou la peau des bâtiments libérés des contraintes des façades porteuses.

Le programme habilité en 2005, puis en 2006, en résume la teneur : “L'atelier de conception est un lieu de réflexion orienté vers l'avenir, sur la question des rapports qu'entretiennent les matériaux et la matérialité. Par les apports de ses intervenants, cet atelier engage le projet d'architecture vers des ouvertures techniques, éthiques et plastiques. Le projet est articulé autour de la question des matériaux et autour des formes et expressions architecturales issues des matériaux. L'architecture devient une abstraction des matériaux qui la constituent et reste indissociable du lieu et du contexte. Le projet en relation avec le séminaire exprime une proposition responsable en matière de développement durable, réflexive quant aux questions du paysage, de l'approche contextuelle… La question de l'enveloppe s'inscrit et développe l'expression architecturale, indissociable des matériaux qui la constituent, et insiste sur ce que les matériaux peuvent produire. La voie de cette modernité est développée par le choix d'un site à comprendre, à aménager, à construire et à révéler par la construction d'édifices et par la réutilisation d'édifices existants”.

Les projets de fin d'études sont développés sur le quartier Saint-Jean au Sud-Est de Lyon, situé entre le canal de Jonage et Vaux-en-Velin.

De manière générale, il est demandé aux étudiants de se positionner sur une stratégie contextuelle qui lie l'architecture à l'urbain et au paysage, dans un rapport contexte / fonction / forme argumenté et aboutissant à une matérialité qui fasse sens.

Plusieurs thématiques urbaines et programmatiques sont proposées. Elles déclinent les problématiques et les enjeux liés au site du quartier Saint-Jean dans son territoire de l'Est lyonnais : restructuration du quartier, désenclavement par de nouvelles liaisons (tramway, pistes cyclables, chemins piétons), densité, mutabilité, réhabilitation-restructuration-conversion d'entrepôts industriels en logements ou en équipements publics. Ce peut être aussi la création de nouveaux espaces ou équipements publics restructurés, agrandis ou créés car manquants. Ces thématiques se croisent avec la responsabilité de l'architecte face aux enjeux environnementaux (énergies, haute qualité environnementale, place de la voiture, etc.) et sociétaux (évolution des modes de vies, des familles, de la relation au travail, etc.).

De manière plus spécifique, la question du lieu est posée, nécessitant un travail en profondeur, de la prise de terrain à la matérialité, en rapport avec des éléments forts du site : le canal de Jonage (rapport à l'eau avec la contrainte de la digue), les jardins ouvriers situés dans la lône au Nord-Est du quartier, le rapport à la forme urbaine des grands ensembles des années 60-70 (barres et tours), le no man's land central constitué par plateau sportif existant.