Jules Bargis

LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE PAYSAGES HABITÉS : ARCHITECTURES EN SITUATION

Jules Bargis - LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE PAYSAGES HABITÉS : ARCHITECTURES EN SITUATION

Mes motivations pour l’architecture

FC’est, de retour chez moi, en me baladant en forêt pour tenter de trouver de l’inspiration pour écrire ces quelques lignes, que je passais à côté des quelques amas de roches faisant autrefois office de cabanes, et que je me rendis compte que c’était peut-être toujours là : cette envie de façonner la matière, de déplacer des masses pour créer un abri, de gratter le sol pour fonder cette branche et plus tard arrimer des bastaings à des arbres pour s’élever et découvrir de nouveaux points de vue sur la vallée. La pierre et le bois, c’est par cela que tout a commencé à l’ENSAL, et c’est avec ces mêmes sujets que ces études se seront clôturées.

Les moments forts

Les murs en béton froid, où je suis rentré naïvement, m’ont fait découvrir la chaleur d’un groupe avec lequel on grandit. Les odeurs de cartons et de plexi brulés d’Acklab, les conseils avisés de Cécile et Maurice, les nuits interminables seul ou à plusieurs, les sculptures à la baguette, la découverte des projets les jours de rendus, les échanges autour des maquettes sur la mezzanine, les soirées lunaires du gala, la patience de M. Gilet pour les reliures de dernière minute, et les déambulations dans la rue après un passage au bar, ne sont que quelques exemples qui resteront des souvenirs gravés de ces années.

Mon projet de fin d’études

Le projet de fin d’études et le mémoire ont été l’occasion de porter un regard neuf sur le territoire que j’ai vu évoluer depuis mon enfance, et même antérieurement par les histoires de la montagne d’antan de mes grands-parents. Cette histoire familiale a été une pierre fondatrice de ce parcours et de l’amour passionnel transmis pour ce territoire. Ces années m’ont permis d’étayer une posture critique sur le développement des stations, et plus largement des vallées alpines françaises. Le système touristique contemporain, bien qu’ayant permis de désenclaver des territoires pastoraux extrêmement pauvres, a, dans son sillage, développé un système déraciné des traditions, de l’histoire, des savoir-faire constructifs et agricoles riches d’antan. Bien qu’ayant, pour certains, l’apparence de petits villages authentiques, l’apparat dans lequel se complaisent habitants et touristes ne résout cependant pas un problème de sens et de perspective grandissant. L’idée n’est pas de glorifier un passé idéalisé de connexion entre l’homme et la nature, mais de réaliser l’imperméabilisation croissante de nos modes d’habiter vis-à-vis de notre environnement. La saisonnalité et plus largement les temporalités doivent se retrouver au cœur de nos considérations, et ainsi, par elles, repenser ensemble un système de valeurs et de priorités qui se doit être différent.

Et après ?

Aujourd’hui, de retour sur ce territoire empli de dualité, je tente d’orienter ma pratique vers une réintégration d’une sensibilité architecturale vernaculaire dans ma production contemporaine. Il ne s’agit pas, à mon sens, d’en recréer un pastiche faisant illusion d’une tradition, mais de proposer des réinterprétations s’inscrivant dans le long cours. La matérialité prend alors une place majeure dans cette démarche, de l’intégration dans le grand paysage au détail de linteau sculpté, de l’alpage de jadis à l’hôtel fraîchement inauguré, qui se cristallisent. Demain, je souhaiterais ouvrir ces problématiques à une échelle systémique, intégrant ainsi un territoire plus vaste et des enjeux plus profonds. Le but est d’appréhender le projet dans plusieurs dimensions, allant des pratiques architecturales, aux réflexions urbaines et jusqu’aux considérations paysagères, afin de valoriser le vivre ensemble.

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