Julie Trémolières

Lac-Mégantic est une représentation d’une réalité nord-américaine récurrente : une trame urbaine rigide superposée à un grand paysage qui gomme une réelle proximité entre l’habitant et son territoire naturel. Cette communauté de 6000 habitants qui a vu son centre détruit par une catastrophe industrielle s’engage aujourd’hui à une évolution de sa relation avec son milieu. Le projet architectural s’implante dans un site en limite du centre-ville qui condense beaucoup de ressources du territoire environnant : arbres, granit, eau, biodiversité,… Ce mitate* du paysage apparaît alors comme une opportunité pour proposer une architecture habitée transformant les conditions d’une nouvelle relation entre des Méganticois et leur milieu. L’enjeu est d’articuler, ici, le potentiel naturel (à la fois paysager et matériel) du territoire avec l’échelle de l’habitant, pour établir un rapport homme/nature plus frugal. Le projet propose alors une manière d’habiter qui s’approprie son territoire — ou sa représentation mitate — dans sa pratique, son usage et ses réalités quotidiennes. L’intention est de « pousser plus loin le niveau de sensibilité et (son) degré d’expression dans un contexte pareil, si riche » écrit Alvaro Siza, au sujet de la piscinas das mares, dans Imaginer l’évidence, éditions Parenthèses, 2012.

* Terme japonais qui signifie littéralement “instituer par le regard”, c’est-à-dire une représentation brève et plus petite, une manière de caricaturer son objet de représentation.