Diane Daunas

Le mur : outil indispensable pour s’abriter de l’environnement et fortifier le territoire. Derrière son apparence robuste se cache une fragilité dans sa finesse verticale qui dessine un tracé graphique. Il permet de lier l’architecture à sa dimension humaine: ses variations de hauteur permettent le jeu de perspectives et d’échelles. Les murs fortifiés sont les derniers éléments présents sur le site du Château des Évêques de Cavaillon. Pour sa reconversion, il apparaît que la valeur patrimoniale est d’abord paysagère puisque le contexte naturel fut propice à son implantation en surplomb au-dessus de la vallée. Aujourd’hui les ruines s’intègrent et se camouflent parfaitement au paysage karstique. En s’y aventurant, les plus courageux se heurteront à des murs massifs qui, une fois franchis, se révèlent être une enveloppe protectrice propice à un isolement ressourçant. La mise en valeur de ce patrimoine s’effectue par l’observation et la déambulation du corps à travers un monde sauvage et des points de vues remarquables sur la source de Fontaine de Vaucluse. Le programme d’un gîte étape est une réponse contemporaine face à ce site paysager isolé. La relecture du plan castral permet de retracer les programmes militaires et domestiques en les adaptant aux usages liés à la randonnée. Décalquer les tracés anciens pour bâtir de nouveaux murs est une intervention en continuité avec l’héritage médiéval qui joue sur les notions ambiguës d’intérieur et d’extérieur.