Juliette Chuzel

Le canal de Port-de-Bouc à Fos-sur-Mer, aujourd’hui inutilisé, est délaissé et morcelle le territoire. Les pipelines qui le longent, tout comme un ensemble de grandes infrastructures pensées à grande échelle, font subir au site des enjeux qui le dépassent. Pourtant, le canal constitue un lieu paisible, préservé de la pollution. Ce site singulier fait émerger un paradoxe entre échelle de l’infrastructure et de l’habiter. La stratégie questionne ce rapport local/global : comment se réapproprier un territoire que les infrastructures de mobilité ont profondément modifié dans ses usages ? En quoi les singularités du site permettent-elles de réagir à la problématique générique des pipelines ? En effet, même enterrées, celles-ci créent des vides qui parcourent la côte et perturbent la surface. L’enjeu est alors de construire sur un sol inhospitalier, mais qui porte beaucoup de potentiels. Le milieu développe une végétation riche, un paysage ouvert sur la mer et l’horizon, une culture historiquement tournée vers la pêche et les sports nautiques. Il émerge l’idée de se réapproprier le sol et l’eau par une architecture multiple. Habiter l’infrastructure propose la création d’habitats intermédiaires, de box de pêcheurs, et l’extension du centre nautique. Ces usages sont mis en relation pour densifier les vides et relier la mer au canal. Celui-ci ne serait plus une saignée dans le territoire mais un nouveau centre d’intérêt pour mettre en valeur paysage, usages et acteurs.