Anouk Landerbal

Désaffecté depuis des dizaines d’années, la presqu’île du Fort de Querqueville, point extrémal ouest de la rade de Cherbourg, semble avoir oublié l’intérêt unificateur de son implantation stratégique. Constituant une charnière physique entre le monde marin et terrestre, il peut devenir le vecteur de nouvelles expériences paysagères. Il subsiste néanmoins enclavé, doté d’une identité floue, propre aux lieux chargés d’histoires aux symboliques ambiguës : fierté napoléonienne, le Fort reste une prouesse technique militaire cumulant des valeurs patrimoniales de par sa rareté, sa pérennité et son interaction avec son environnement proche. Mais, il incarne aussi, via ses bunkers, le conflictuel symbole de la seconde guerre mondiale dont il fût le théâtre, devenant un patrimoine de l’oubli, un point du tourisme de mémoire, ou un lieu insolite. La reconversion en centre de recherche d’archéologie sous-marine a donc pour ambition de répondre à ces enjeux antithétiques, alliant mémoire, renfort et suture des parcours touristiques et locaux, nouvelle sédentarisation identitaire, et mise en relief de la relation au paysage inhérente à la presqu’île, de la mer à la terre ; d’où le titre, en référence à La Mer au plus près, la nouvelle d’Albert Camus, qui elle-même explore les rapports variables de l’homme au paysage maritime.