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Guillaume Dumont-Mallet

LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON - CATÉGORIE ARCHITECTURE ALTERNATIVE, STRATÉGIES ET PRATIQUES ÉMERGENTES

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L’architecture n’a jamais été pour moi une vocation, mais plutôt une belle occasion de percevoir autrement, et de faire. Six ans plus tôt, s’échapper vers des études d’architecture semblait le choix logique, quoiqu’un peu égaré. Tous les épisodes de regroupement, de confrontation, les moments associatifs, sérieux, moins sérieux vécus à l’ENSAL sont autant de souvenirs. De la première à la dernière année, chaque nouveau dialogue a constitué un pas de plus vers une certaine lucidité vis-à-vis d’un vaste domaine, du monde environnant, et a fait impact. Oublier de se servir des outils de la formation, qui reste toujours un privilège, c’est risquer d’en sortir végétatif, sans combat ni poésie. Un moment fort de l’école est aussi un moment à l’extérieur, avec l’Erasmus, ce grand tapage encadré ! Trois cent soixante-cinq jours à l’étranger comme trois cent soixante-cinq possibilités de découvrir, s’ouvrir encore un petit peu, puis revenir avec de nouvelles idées, des horizons pleins les yeux. Toutes les autres petites évasions et voyages près ou loin des rails n’ont fait que compléter le bouillon fertile de l’apprentissage. Parce que l’enseignement est à recevoir au sein de l’école autant qu’hors de ses murs, alors chaque moment d’impertinence compte plus que jamais.

Souverain paradoxe, le projet de fin d’études n’est pas la synthèse de nos études, des habiletés conceptuelles acquises en cinq, six, sept ans, ou une finalité en soi. Élastique, il est un joli moment d’architecture théorique. Il ne s’agit ni d’une confirmation, ni d’une preuve. Il n’est pas décisif. Délesté de ces attributs, il permet d’oser, d’explorer un peu plus, d’essayer, de douter encore et encore et encore. Non pas pour atteindre ou aboutir, mais pour dessiner en réaction à. Il devient formidable lorsqu’il canalise des désirs naïfs et des positions, même abstraites. Il n’apporte que le même plaisir et la même perplexité que tous les projets, passés et futurs, d’une vie d’auteur. Il s’ajoute doucement à une pile de rêveries, un tas d’argile ou de plâtre identitaire qu’on façonne en cadence.

Tout est digne d’intérêt dans la profession, tous les programmes, toutes les formes et les requêtes. Du logement au cimetière, de la réhabilitation à la scénographie théâtrale. Dans ce sens, la spécialisation ne m’attire pas immédiatement. Mais la manière de procéder et concevoir, la transversalité, l’expérimentation, l’accès à la diversité, les variations infinies sont à mon sens des guides essentiels pour savoir construire, et parfois savoir ne pas construire. Dépasser notre statut de bâtisseurs, en préservant férocement ce qui nous permet justement de vivre ensemble et avec toutes les composantes de notre milieu, est une condition applicable dès aujourd’hui pour l’espace habité de demain. La plus belle aventure sera de marcher aux côtés de ceux qui font le plus peur, c’est-à-dire les farouches et les résilients. Architecte ou non ; je souhaite combattre au moins une chose : l’indifférence.

Enfin, comment ne pas rendre hommage aux plus beaux noms : Sylvie, Julien, Jean-Claude, Johana, Célia, Carole, Camille, Philippe, Wes, Jean, Elsa, Églantine, Gilles, Stéphane. Autant de mots, d’images, de gestes, de voix qui résonnent en écho, et ont d’une manière ou d’une autre mené à ceci. À vous, merci.

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