DOMAINE D'ÉTUDES DE MASTER :

Achitecture, formes, transformations (AFT)

Si les architectes se soucient et discutent de longue date des divers problèmes que pose la transformation des édifices existants, il faut envisager aujourd'hui leur formation à ce type d'interventions, généralisées aux situations de projet, où l'existant constitue un champ de contraintes pertinentes. Ainsi, la question patrimoniale fait l'objet d'un développement privilégié de l'analyse des formes ; celle-ci est en mesure de contribuer largement aux problématiques correspondant aux enjeux actuels de la société, par la diversité même des objets traités par l'unité de recherche Lyon architecture urbanisme recherche - LAURE sur laquelle s'appuient les enseignements proposés. Les enseignements sont conçus comme support d'applications dans le domaine de la conception architecturale nécessitant des temps de construction théorique (séminaire) et pratique (projet d'architecture) ainsi que des temps pour l'expérimentation. Ces enseignements se répartissent selon quatre catégories :

  • L'analyse d'édifices, de corpus et d'espaces urbains pour lesquels la caractérisation morphologique est le principal objet d'étude. Il s'agit de définir et de constituer des collections de spécimens à analyser, de thématiser convenablement l'analyse et enfin, d'organiser son protocole en toute rigueur. Les résultats se présentent comme une connaissance nouvelle, spécifiquement morphologique, de la classe d'entités concernées. Ces résultats font l'objet d'interprétations donnant des éléments d'explication des formes.
  • Les savoirs constructifs regroupent les actions qui se penchent sur la dimension technique de la production architecturale. Ils s'intéressent à l'histoire et à l'écologie de la construction, aux relations entre concepteurs et constructeurs et aux outils de représentation, qu'il s'agisse de vocabulaire technique ou de modèles physico-mathématiques.
  • La sémiotique de l'espace architectural s'intéresse aux modalités selon lesquelles l'espace est conçu, représenté et vécu par différents acteurs, concepteurs comme usagers. Les mécanismes de production du sens et l'influence de l'espace construit sur les comportements sont les sujets d'études principaux.
  • Le projet architectural envisage une situation de transformation ou de conservation du bâti existant.

Sujets 2014

Le domaine d'études Architecture, formes, transformations - AFT vise plusieurs objectifs quant à l'intégration des édifices existants dans la pratique architecturale. À l'échelle du territoire, il s'agit de questionner la place des héritages urbains et architecturaux dans les dynamiques du renouvellement urbain en intégrant la problématique du développement durable (densification, économie d'énergie et de matériaux, continuité des repères patrimoniaux). À l'échelle architecturale, la réflexion porte sur les enjeux de conservation (mise en mémoire, patrimonialisation, identités locale, régionale, nationale) et de transformation d'édifices existants qui témoignent des valeurs d'une société, en envisageant aussi les dimensions politique et économique qui président à la fabrique urbaine et à l'aménagement des territoires (marketing urbain, développement culturel, tourisme).

La problématique de ce domaine d'études repose donc sur l'exploration par le projet architectural des relations entre la valeur patrimoniale d'un édifice et les nécessaires adaptations contemporaines du site dans lequel il s'inscrit. Dans quelle mesure l'héritage architectural et urbain peut-il contribuer au devenir, au dynamisme et à la valorisation du cadre de vie ? Comment adapter des architectures et des sites aux évolutions et perspectives de la société dans laquelle ils se développent ?

Sites de projet

Pour mener cette réflexion, deux sites d'intervention concernant des musées archéologiques sont proposés.

  • Le premier est le musée de la civilisation gallo-romaine adossé à la colline de Fourvière à Lyon. Le bâtiment abritant les collections du musée a été inauguré en 1975. Il est l'œuvre de l'architecte Bernard Zehrfuss qui, devant la puissance du site et la forte présence des monuments romains, a conçu une construction enterrée, seule à même de répondre aux exigences de ce lieu exceptionnel qu'il fallait préserver. Il s'agit aujourd'hui d'explorer les possibilités de transformation de cette architecture et de son site au regard des évolutions muséographiques.
  • Le second est le musée archéologique d'Erebouni à Erevan (Arménie). Il témoigne du passé ourartéen de l'Arménie. Le bâtiment d'exposition des collections construit par les architectes Baghdasar Arzoumanian et Shmavon Azatian a été inauguré en octobre 1968 à l'occasion du 2 750e anniversaire de la ville d'Erevan. Penser ce site et son développement futur permet d'aborder les questions, aux échelles urbaine et paysagère, de sa relation avec la ville mais aussi avec les deux autres sites archéologiques qui lui sont associés : Shengavit (-3 500 av. JC.) et Karmir Blour (-685 av. JC.) en intégrant mieux des parcours touristiques qui pourraient valoriser plus de 6 000 ans d'histoire et raconter le passé prestigieux d'Erevan.

Le musée se doit toujours de conserver les objets et les œuvres, et de présenter ce patrimoine archéologique qui établit un pont de deux millénaires entre Lugdunum et Lyon et de trois millénaires entre l'Erebouni de l'époque ourartéenne et Erevan. La refonte de ces lieux amène une diversité d'approches allant du contexte de musée de site en passant par sa lisibilité dans le quartier et dans la ville, rejoignant également les nécessaires problématiques muséographique et scénographique actuelles. Le musée entre dans la ville et ses formes la prolongent en étant lui-même une étape d'un parcours qui se dessine dans le paysage. Dans la perspective de leur avenir, ces ensembles sont à observer et à penser suivant une approche pluridisciplinaire. L'essentiel est d'établir une cohérence entre les divers niveaux d'approche et de créer un système dans lequel l'avant, le maintenant et l'après établissent, dans le cadre de la transformation des lieux, des chaînes de significations avec l'archéologie, l'architecture, la ville et le paysage. Cette dualité entre héritage et perspective amène à une prise de position sur les rapports entre la politique de patrimonialisation et le renouvellement urbain fortement imprégné des réflexions sur l'écorénovation, la ville nature, la ville durable, la ville pour tous. Elle vise à concilier la réalité économique et foncière du développement de la ville avec l'intérêt social et culturel du respect de l'histoire voire de la préservation des identités. Le sujet explore ainsi les rapports de l'archéologie et de l'architecture aux interrogations les plus récentes sur la trajectoire de l'humanité et ses relations à l'environnement, aux notions de communauté et de territoire, aux contributions de la connaissance des sociétés anciennes à la vie dans la “cité contemporaine” (Demoule, Stiegler, 2008).

L'emprise du musée gallo-romain de Fourvière à Lyon se situe dans le périmètre du site historique au-dessus du secteur sauvegardé du Vieux-Lyon et sur le circuit du parc des Hauteurs. Le musée est associé à un ensemble archéologique et architectural remarquable. Il comprend plusieurs monuments historiques, traces résurgentes de Lugdunum, cité romaine fondée en 43 av. JC. Le théâtre antique construit en 15 av. JC., sous le règne de l'empereur Auguste et l'Odéon érigé sous le règne d'Hadrien au IIe siècle ap. JC. furent classés en 1905 et leurs abords de 1933 à 1935. L'ensemble est intégré au secteur classé Patrimoine mondial par l'UNESCO.

Le second site est le musée archéologique d'Erebouni à Erevan, capitale de l'Arménie. Il se situe au pied de la colline d'Arin Berd au sud-est de la ville avec, à son sommet, l'ancienne forteresse d'Erebouni, vestige d'une cité ourartéenne fondée en - 782 av. JC. Le musée fait partie d'un ensemble archéologique avec la citadelle qui se compose des ruines de constructions aux fonctions administratives, religieuses, économiques formant les trois côtés de l'enceinte de la forteresse. Situé dans un faubourg industriel de la ville, il se situe dans la perspective d'une large avenue renforçant la monumentalité des lieux.

Le DEM AFT a bénéficié du soutien de la Région Rhône-Alpes dans le cadre du programme COOPERA avec l'Arménie.

Enseignants porteurs

François Tran est architecte, enseignant en théorie et pratique de la conception architecturale et urbaine et chercheur au sein de l'unité de recherche Lyon architecture urbanisme recherche - LAURE.

Vincent Veschambre est géographe et enseignant en sciences humaines et sociales. Habilité à diriger des recherches, il est également responsable scientifique de l'unité de recherche Lyon architecture urbanisme recherche - LAURE.

Équipe pédagogique

Özlem Lamontre-Berk | Philippe Dufieux | Christian Marcot | Suzanne Monnot | Pascal Rouaud | Brigitte Sagnier-Minguet | Maxime Yévadian

Jury

Bernard Duprat | Benjamin Chavardès | Özlem Lamontre-Berk | Christian Marcot | Rémy Mouterde | Brigitte Sagnier-Minguet | Hugues Savay-Guerraz François Tran | Daniel Treiber | Vincent Veschambre