Mylène Mathieu

LAURÉAT DU PRIX DE LA JEUNE ARCHITECTURE DE LA VILLE DE LYON CATÉGORIE ARCHITECTURE ET MATÉRIALITÉ

Architecte d'intérieur, cela fait à présent sept ans que je travaille dans une agence d'architecture et d'urbanisme à Lyon (l'atelier de la Passerelle). C'est au terme des trois ans d'expérience requis que j'ai décidé de poursuivre la formation professionnelle continue. Mener en parallèle de ma vie professionnelle, cette formation m'a conduit à interroger ma propre praxis : matérialiser une idée et réaliser un projet qui fasse sens en développant un processus qui m'est propre, avec la sensibilité qui est la mienne.

“Sur le fil” est donc un projet grâce auquel j'ai pu mettre oeuvre cette praxis. Ce projet d'aménagement d'un bassin naturel propose de répondre aux usages de ce dernier par la création d'un restaurant et de kiosques.

Le trait / les mots/ le sens : ma sensibilité s'exprime par un cheminement de pensée qui va du trait au sens en passant par les mots. Le trait : l'épure du projet ne doit pas s'éloigner de l'esquisse sans quoi il perdra son essence. L'esquisse s'inspire d'une gerridae (araignée d'eau) et de son corps longiligne qui effleure l'eau.

Les mots : le langage est matrice. Cette matrice passe dans ce projet par deux notions que sont l'eau et le temps. Sur le fil de l'eau ou comment dialoguer avec l'eau : le principe constructif s'inspire des architectures dites lacustres (le palafitte). Sur le fil du temps ou quand le temps devient matière : dans leur vieillissement, l'acier corten et le bois parlent du temps qui passe et de l'empreinte qu'il laisse. De ces deux notions naissent donc le choix constructif et le choix des matériaux utilisés. Le matériau fait sens, sens qui se révèle par des détails de mise en oeuvre intrinsèque au projet.

Le sens : le projet décline le concept de fil. Le restaurant est divisé en deux fils, lesquels s'effilent à mesure que le restaurant s'ouvre sur l'eau et au paysage. Du sens émerge la forme, la figure du projet.

“Plus j'écris, plus je vois” dit Philippe Sollers. Je sais que ma façon de concevoir passe par les images, les mots et une certaine poésie qui pour moi donne sens au projet. Il me faut à présent marier au mieux la part “fonctionnelle” et la part “fictionnelle” d'un projet en questionnant sans cesse ma pratique de l'architecture.

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