DÉPARTEMENT STRATÉGIES ET PRATIQUES AVANCÉES

LE DÉPARTEMENT

Le département SPA met en avant certaines orientations pour une pédagogie en architecture. Elles consistent à interroger les transformations sociétales à l'œuvre, de les mettre en perspective dans le champ de l'architecture de manière prospective, de définir des processus projectuels innovants, de lier développement formel et matérialisation de l’architecture via les techniques et modalités de l’ingénierie de recherche.

Avec “stratégies”, c'est plus précisément la dimension du projet comme “processus” qui est désignée. En effet, les postures théoriques étant devenues subjectives, elles ouvrent à une culture du projet renouvelée où se reposent en permanence les fondements et les pratiques de la conception archi- tecturale. Chaque projet donne lieu à la mise en place d’un champ théorique nouveau, ouvert, à la construction de trajectoires conceptuelles non linéaires, à des modalités de travail de la forme et de la matérialité assistées par les outils numériques d’aide à la conception.

Avec “stratégies”, c’est aussi la question du temps qui est interrogée, à savoir, les différentes temporalités que l’architecture intègre et met en place. De quelles temporalités parle-t-on lorsqu’il s’agit de conception architecturale ? Comment penser un processus de projet pour qu’il puisse intégrer, notamment lorsqu’il s’agit de projets urbains, une variable que l’on ne peut prévoir d’emblée ? À travers la question du temps, nous comprenons aussi les mutations en cours dans les disciplines avec lesquelles l’architecture entretient des “relations” : l’art, le paysage, les sciences humaines, les sciences de l’information. Une acuité sur les renversements des paradigmes de ces disciplines est requise afin d’engendrer de nouvelles pensées et pratiques de projet.

LE SUJET 2010

Le sujet Times and Cities a pour objet d’interroger la manière dont nos environnements urbains sont devenus des lieux uniques d’inscriptions et de manifestations du temps. La question des temps et, en particulier, des temps “dans” la ville, est au tout premier plan de l’actualité sachant le phénomène de métropolisation que connaît aujourd’hui la planète.

Sous l’effet de l’accélération toujours plus rapide des divers types de vitesses, la ville donne à vivre, à lire, à éprouver des cycles toujours plus variés et distendus. Comment concilier en effet ces différents temps entre ceux qui pensent la ville, ceux qui la construisent et enfin, ceux qui la vivent ? Il en résulte une tension entre d’une part, des citadins qui aspirent à une meilleure qualité de vie, à une gestion toujours plus individuelle de nos agissements, puis d’autre part, à un risque croissant de dissolution du lien social par fragmentation et éclatement des temps relatifs à la sphère publique. En ce qui concerne les modes de vie, ces mutations touchent la vie personnelle et familiale, les rapports au travail et les usages du temps libre. Ces changements sont amplifiés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les perceptions de ces changements varient selon les âges, les sexes, les situations familiales et sociales, les lieux de résidence et de travail. Les femmes sont particulièrement soucieuses de trouver des solutions leur permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle. Les agendas de nos enfants, fortement structurés par les calendriers scolaires, doivent s’ouvrir à plus de considération aux rythmes biologiques et aux capacités d’apprentissage de chacun. Les temporalités qu’impose la ville affec- tent également les rapports à l’espace et invitent à une recomposition des territoires. Repenser l’inscription de l’habitat, des lieux de travail et de loisirs, à l’aune d’une géographie du “prendre soin”, est devenu une nécessité, un enjeu fort pour nos environnements habités.

Fort de ce constat, de nombreuses questions s’imposent à nous : comment changer notre regard sur la géographie des villes dès lors que ses échanges sont de plus en plus immatériels, où la notion de distance s’est effacée au profit de la transmission numérique “en temps réel” ? Qu’en est-il du temps de la nature dans des villes plus que jamais artificielles, ne donnant que trop peu la possibilité d’être sensible et à l’écoute des variations infimes et cycliques des milieux naturels ? Comment penser la ville vécue dans les temps intimes de chacun, à travers les rythmes de l’enfance, de celui des actifs, des personnes âgées ? Quels dispositifs constituer localement pour élaborer des réponses collectives à des aspirations de plus en plus individuelles ? Jusqu’où faut-il s’adapter ? Quelles régulations convient-il d’introduire ? Avec quels acteurs ? Selon quelles démarches ? L’ère de la mobilité n’est-elle pas sur le point de rendre nos villes impersonnelles où le réseau, la vitesse d’échange et l’infrastructure priment ? Qu’est devenu ce temps de la décé- lération, de la mémoire, ce temps de la déambulation, de celui de la rencontre de l’autre, ces temps suspendus que le temps des villes nous impose ? À l’heure d’une prise de conscience collective sans précédent pour un nouvel équilibre social, environnemental, économique de nos sociétés, la question de la concordance des temps ne peut être ignorée. Elle devient primordiale si l’on veut tenir le pari d’une cité future durable qui prend soin et ménage les hommes, leur permettant de vivre une existence où l’émancipation personnelle s’accompagne d’une attention toujours plus accrue au “vivre ensemble”. Un re-phasage de nos trajectoires individuelles qui tendent vers toujours plus de liberté, et en même temps, d’attachement au monde.

FORMATION INITIALE

FORMATION INITIALE DÉPARTEMENT STRATÉGIES ET PRATIQUES AVANCÉES ENSEIGNANTS DE PROJET (SEMESTRE 10)
CHRISTOPHE WIDERSKI / SYLVAINE BULLE, MATHILDE DUTILLEUL, ANTHONY JOYEUX, MATHIEU LAMOTTE
PROMOTION 2009-2010 22 ÉTUDIANTS